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Jacques Schotte 1 an déjà

25 Septembre 2008 , Rédigé par laurent rompteaux Publié dans #infos

Nous voulions rendre un hommage à Jacques Schotte disparu il y a déjà un an, pour aussi donner envie à ceux qui ne le connaissent pas de le rencontrer . A cette occasion, Dominique Reniers nous a envoyé ce joli texte :

Le plus grand des méconnus, le plus méconnu des grands…

 

 

            C’est le propre des grands hommes d’entretenir leur mémoire dans une tension qui reste vivace. Chez Jacques Schotte, qui nous a quittés il y a un an, cette tension prenait corps avant tout entre deux bords, entre deux extrémités. A la simplicité que chacun lui reconnaissait, et qui trouvait dans les éternelles sandales qu’il portait été comme hiver sa plus simple expression, répondait la force d’une pensée que tous ceux qui l’ont lu ou connu confirmaient sans hésitation.

            Créateur, Schotte l’était. Peut-être pas dans quelque novation idéologique qui l’aurait placé aux côtés, ou à côté, par exemple d’un Lacan (qu’il connaissait bien, personnellement, sans pour autant en dogmatiser la pensée), mais dans cette capacité vraiment extraordinaire et unanimement reconnue à interroger sans cesse le lieu de la différence, celui d’une possible rencontre donc, entre différentes pensées. Schotte était un bâtisseur de ponts théoriques, un pontifex oppositorum. Entre la psychanalyse et l’analyse existentielle de Binswanger, entre l’anthropologie et la psychiatrie, s’élaborait avec lui, au sens le plus fort du terme (ex-labore : « ce qui provient d’un travail brut ») un espace où la pensée pouvait puiser la force d’une relance perpétuelle, en quête de cette interstice obturant rigoureusement toute propension à une théorie arrêtée parce que satisfaite d’elle-même. Il n’est d’ailleurs que de rappeler son polyglottisme admirable pour soutenir cette conviction qu’il fut homme avide de creuser ce qui se dit de la différence.

            Schotte aura marqué de son génie une théorie qui, sans lui, serait sans doute tombée dans les archives poussiéreuses de l’histoire de la psychiatrie académique. L’ « analyse du destin » de Szondi, dont il fut l’élève et l’ami, a été par lui reprise dans ce qu’elle offrait à un entendement « suffisamment » ouvert une possible approche interrogeante des « catégories de l’exister » à partir de ses failles. C’est ainsi qu’il fonda, dans la droite ligne de la pensée szondienne, le centre de pathoanalyse, à Louvain-la-Neuve, dont le principe premier est justement de prendre acte, dans la clinique, de la célèbre métaphore du cristal brisé que Freud évoquait en 1915.

            L’analyse du destin aura ainsi réussi à trouver demeure dans cet interstice dont Schotte se faisait maître à rejoindre les bords des ponts conceptuels (avec la psychanalyse, la linguistique, l’anthropologie etc) qu’il bâtissait sans cesse. Il est sûr d’ailleurs que cette question du destin, qui fut l’un des maîtres mots de sa pensée, l’aura au final rejoint, lui le personnage simple et génial à la fois qu’il fut, pour assurer à son nom celui d’un maître reconnu et simplement aimé…

 

D. RENIERS

 Voici également une vidéo :



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