De l'animalité au politique: corps, langue, espace clos 07/05 Lille
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De l'animalité au politique : corps, langue, espace clos
Très tôt Foucault s'est demandé pourquoi nous obéissions – la question reste hélas entière – si facilement à des formes de pouvoir sans limites. Derrida, avec quelques autres dont René Major, associant parfois le souverain à la bête, a mis en évidence une pulsion de souveraineté. Nous continuerons d'interroger l'énigme de la servitude volontaire, ainsi que la question de l'assujettissement de l'autre passant par ce que l'on peut être tenté d'appeler, un peu vite, son animalisation. « La folie emprunte son visage au masque de la bête. Ceux qu'on enchaîne aux murs des cellules, ce ne sont pas tellement des hommes à la raison égarée, mais des bêtes en proie à une rage naturelle. (...) L'animalité qui fait rage dans la folie dépossède l'homme de ce qu'il peut avoir d'humain en lui. La folie dans ses formes ultimes, c'est, pour le classicisme, l'homme en rapport immédiat avec son animalité, sans autre référence, ni aucun retour. » (Foucault 1961). Foucault et Derrida se sont efforcés de repenser les découpages disciplinaires classiques, de mettre à mal les cloisonnements, de rejeter les « certitudes anthropologiques », en bousculant les évidences et, pour Derrida, les oppositions traditionnelles. En ce sens, l'un et l’autre ont été à leur façon, après Freud, de grands penseurs du politique.
Il s’agit de s'intéresser à ce qui se passe dans les plis, en marge, de regarder à côté : voilà ce qui nous paraît le propre de l'analyste, si l’on considère que la clinique doit aussi prendre en compte ce qui s’élabore dans d’autres champs. Il s’agit encore de prêter l’oreille aux voix étouffées, et partant, de déconstruire les discours et les institutions ...
Nous tâcherons de suivre cette piste, attentifs aux traces et aux écarts, nous laissant toujours troubler. Puisse la clinique analytique mettre en abyme les structures du totalitarisme imaginaire qui enferme le sujet, sauf à ce que son discours ne se pervertisse et ne devienne lui-même totalitaire : comment garder la langue vivante, être attentifs aux brèches ? Comment encore, sans une révolte qui reste à venir, à inventer, tenir tête à la langue déshumanisée, une langue en passe de perdre sa matérialité ? C’est dans ces directions certes contraires aux vents qui soufflent actuellement très fort que nous voulons engager notre parole.
URIOPSS 34, rue Patou 59000 LILLE
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Cette rencontre est ouverte à tous, il n'est pas nécessaire d'être membre de l'association Patou. Entrée libre mais participation aux frais souhaitée : 5 euros.
* Anne Bourgain, psychologue et psychanalyste, maitre de conférence à paris 13, dirige un séminaire sur ce thème dans le cadre de l'IHEP. Elle a publié plusieurs livres (Mallarmé ou la création au bord du gouffre, Passages de Freud à Derrida), le dernier ouvrage en date (écrit en collaboration) étant « Le rire à l'épreuve de l'inconscient » (Hermann 2010).