Groupe et Psychanalyse
Fondée en 1962, la SFPPG organise à Paris un grand congrès du 14 au 17 mars 2013 :
avec la participation de la FAPAG et la présence de l’EFPP
L’Argument
Les psychothérapies psychanalytiques de groupe forment aujourd’hui une grande diversité de pratiques : groupes de paroles, psychodrames, groupes à médiation, groupes de relaxation, groupes de thérapie familiale psychanalytique, psychothérapies institutionnelles… Elles accueillent différents publics : adolescents, adultes, enfants, parents, bébés ou parents-bébés, familles, couples, personnes ayant une même addiction, hommes violents, ou encore praticiens d’une même profession ou réunis en équipe pluriprofessionnelle, etc. Elles sont le plus souvent proposées en institution. Selon les demandes ou les orientations des structures de soin, la visée thérapeutique n’est pas toujours privilégiée. Toutefois, les effets thérapeutiques du groupe sont avérés y compris en formation, en analyse de pratiques, en supervision ou en régulation d’équipe, etc.
Depuis cinquante ans, pratiques et publications cliniques et théoriques sur les groupes sont foisonnantes, en particulier dans le monde européen et latino-américain. Cette fécondité contraste avec la méfiance que le groupe n’a pas cessé d’inspirer ou avec la réticence à penser le groupe comme espace thérapeutique. D’un côté, le recours au groupe augmente — souvent sans préparation suffisante — d’un autre, la vigueur des résistances « au groupe » ne faiblit pas, y compris chez ceux qui, par défaut, le prescrivent. Ces deux mouvements rappellent que le groupe reste un chaînon manquant. Quant à eux, les psychanalystes engagés dans son exploration comme espace transitionnel et thérapeutique ne cessent de revenir sur les cadres et dispositifs groupaux, sur les questions posées par la théorie de la groupalité psychique, sur les propriétés thérapeutiques spécifiques du groupe, ainsi que sur sa tiercéité, comme sur les conditions de sécurité propices à la liberté associative et au changement psychique. Ils revisitent sans cesse les questions éthiques, théoriques, épistémologiques et méthodologiques du soin psychique en groupe. Une interrogation taraude : qu’est-ce que le groupe apporte d’original par rapport à une thérapie individuelle ?
La rencontre pluri-subjective est éprouvante. Elle sollicite nos capacités de contenance de l’angoisse, de l’agressivité, de la co-excitation, de l’euphorie aussi bien que de la dépression. D’où, par exemple, le choix de la co-thérapie qui procède souvent d’une volonté de partager et d’alléger “cette épreuve émotionnelle éreintante”. Pour forger l’attention psychanalytique à la groupalité et à chaque participant, aux effets de l’inconscient, la formation du thérapeute de groupe requiert un parcours psychanalytique individuel approfondi par l’expérience du groupe.
Nous n’oublions pas que nos recherches résultent des urgences de la vie, du tragique de la condition humaine, que l’invention psychanalytique du groupe s’inscrit dans le mouvement actuel des grandes ruptures de l’après-modernité. Ainsi, la réceptivité aux turbulences de la vie psychique ne peut être dissociée de ce qui, dans le monde contemporain, est mis en crise avec ses périodes de désorganisation sociale et culturelle caractérisées par les défaillances des garants métasociaux et métapsychiques. Des pathologies inédites s’ensuivent pour lesquelles nos théories et méthodes avec l’écoute qu’elles induisent révèlent leurs limites. Pour entendre les expressions énigmatiques des souffrances des sujets que les praticiens accueillent, ils sont poussés à trouver-créer de nouvelles voies pour la transitionalité, le soin psychique ou le travail de culture.
C’est pourquoi, après plus de cinq décennies de développement, il est opportun de revenir sur le groupe, les champs où il se déploie, ses médiations, les approches qu’il inspire, dans différents pays, comme sur les formations qu’il requiert pour s’y risquer comme analyste.