Justice rendue dans l'affaire du film "le mur"
.
Le film controversé sur l'autisme Le Mur, qui veut prouver
"l'absurdité" de l'approche de cette maladie par la psychanalyse et vante au contraire des méthodes dites comportementalistes, a été interdit en l'état aujourd'hui après une plainte de certains
psychanalystes interrogés dans ce documentaire. Le tribunal de Lille a "constaté que les extraits d'interviews" des psychanalystes de renom "Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre
Stevens (...) portent atteinte à leur image et à leur réputation en ce que le sens de leur propos est dénaturé", affirme le jugement.
Les extraits de ces interviews qui figurent dans le film "doivent être supprimés", ajoute ce jugement, ce qui revient
selon l'avocat de la documentariste Sophie Robert, Me Benoît Titran, à ce que "le film soit interdit en l'état". "Il n'y a plus de film", a-t-il souligné. Car la décision, qui prend effet
immédiat, aura pour conséquence que Le Mur doit être retiré d'internet --où il est présenté
sur le site de l'association Autistes sans frontières notamment-- tant qu'il n'aura pas été remanié, et cela sous astreinte de 100 euros par jour de retard.
Le tribunal relève que certains des extraits des entretiens avec les psychanalystes sont parfois précédés, dans le
montage final, de questions différentes de celles posées lors de l'enregistrement. Il considère aussi que certains extraits --il s'agit parfois de quelques mots-- ne rendent pas compte de la
complexité du point de vue du psychanalyste interrogé, et que les coupures du montage ont pour conséquence que certains extraits sont en contradiction avec des opinions détaillées plus tôt dans
l'interview.
"A ce prix-là, n'importe quel documentaire monté peut être interdit. Le documentariste n'a plus le droit de porter un
regard dans son montage", a commenté Me Titran, qui va faire appel. "Le travail de montage est mis en cause. Avec une telle jurisprudence, (le réalisateur américain de documentaires engagés)
Michael Moore est interdit de film en France", a-t-il regretté. Par ailleurs, la réalisatrice et sa société de production ont été condamnés à payer aux trois plaignants 19.000 euros de dommages
et intérêts "en réparation du préjudice résultant de l'atteinte portée à leur image et à leur réputation", selon le jugement. S'y ajoutent 9000 euros pour la publication du dispositif de la
décision dans trois revues choisies par les plaignants, et 6.000 euros pour les frais de justice. "Cela fait peser un danger économique réel sur la société de production et la réalisatrice", a
souligné MeTitran.
L'avocat des plaignants, Me Christian Charrière-Bournazel, n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter cette
décision. Il avait dénoncé, lors de l'audience qui s'était tenue le 8 décembre, "une entreprise polémique destinée à ridiculiser la psychanalyse", devant une salle pleine à craquer de parents
d'enfants autistes, venus soutenir Sophie Robert.
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article