L’hystérie dans l’air du temps
En consentant à se laisser enseigner par ses patientes hystériques,
Freud a découvert l’inconscient auquel une dimension jusque là inconnue et irrépressible du désir donne sa logique si paradoxale. Sans oublier celle, toute
subjective et jouissive, de la vérité qui y tient le haut du pavé, que ce soit sous sa forme traumatique ou fantasmatique et qui se manifeste dans le
symptôme.
Car, avec l’hystérie, c’est le « mystère du corps parlant » qui vient au
premier plan et qui s’affiche dans ses débordements de jouissance comme dans sa géographie anatomique aberrante. Quel sens donner à cette jouissance ?
C’est dire combien l’hystérique sait faire parler l’inconscient mais
aussi animer la structure au point que Freud a fait de l’hystérie le noyau de toute névrose et Lacan, un discours, autrement dit, un lien social. En faisant de sa
division subjective, étendard, l’hystérique n’est-elle pas celle qui montre à ciel ouvert la condition de sujet de tout parlêtre ?
C’est dire aussi qu’après plus de 50 ans de DSM, malgré l’éradication
du terme dans la nomenclature médicale et après plus de 4000 ans de fidèle compagnonnage, l’hystérie est toujours aussi actuelle. C’est pourquoi, elle continue
de rester une question cruciale pour la psychanalyse et, dans ses présentations les plus modernes, de servir de guide aux psychanalystes face aux effets des
bouleversements de notre société sur la subjectivité.