Ordres et Désordres du Sexuel 23/11/2013 Paris
Ordres et Désordres du Sexuel
Psychanalyse et Anthropologie critique
Samedi 23 novembre 2013
Préargument
La stabilité de l’humanité reposerait sur les ordres du sexuel, car « Sexe et Loi » sont indissociables. Pour la psychanalyse, le sexuel
est l’organisateur du psychisme qui, à travers la différence des sexes, permet de se penser, de penser le monde et ses représentations et de se situer dans la généalogie. Au regard de la
complexité des contextes culturels, les notions de la différence sexuelle, de limites entre l’homme et la femme structureraient les sociétés. En effet, le social vient mettre une limite à
l’impétuosité du sexuel qui ne connaît pas de normes. Néanmoins, l’humanité est confrontée aux désordres par les transformations et les exigences des civilisations, de leurs normes toujours à
inventer et de leurs modes. La notion d’égalité, de la Loi partagée commune à tous, est le pivot des civilisations occidentales. La notion de consentement et du respect de chacun des partenaires
sexuels devient prépondérante.
Le législatif s’est rapproché du citoyen responsable de lui-même et des siens en faisant entrer le Droit dans un rapport direct avec les
individus qui négocient, autant que faire se peut, leurs propres modèles et idéaux. Ainsi, dans un paradoxe fondé sur le plaisir, les individus ne réduisent-ils pas les divisions, les tensions
entre sexualité/procréation, sexe/genre, conjugal/parental.
Nous envisagerons la crise du sexuel, celles des passions humaines, en ce point de jonction où se croisent l’expérience individuelle et
l’expérience collective, en référence aux concepts freudiens de la psychologie des masses et de l’analyse du Moi. Ceci permet de concevoir la crise du sexuel au cœur de l’individu dans l’humanité
; en effet, il ne peut y avoir d’humain sans culture et la culture s’étaye sur les pulsions.
La société néolibérale se définit par les nouveaux phénomènes de massification, et les normes implacables de la société de consommation
nourrissent la crise du sexuel. Ainsi, la société de consommation favorise-t-elle un mode de relation au monde et aux autres, en faisant aboutir les désirs en besoins vitaux sans discrimination
pour tenter d’appréhender le bonheur par leur satisfaction. Ce pansexualisme rend omniprésent le sexuel sans pour autant lui donner une place propice à maintenir des liens entre les individus
autres que ceux de l’immédiateté, de l’utilitaire et de l’hédonisme. Si tout est considéré comme sexuel, néanmoins rien ne le serait spécifiquement, avec pour conséquence une absence des
frontières de l’intime, ce qui ferait attribuer à l’enfant des conceptions spécifiques de l’adulte qui déploierait sa propre sexualité infantile. La sexualité précoce des petites filles est à
différencier des « Lolitas » dont l’érotisme maintiendrait un imaginaire et une hyper-sexualisation dans une société saturée d’images aguicheuses. Internet donne un essor considérable à tous les
réseaux de pratiques marginales et à la pornographie de masse avec pour horizon le flux des images libertaires dans la violence et la séduction généralisée.
Paradoxalement l’idéologie néolibérale crée de l’individualisme avec l’impératif de devenir soi-même, laissant en panne les modèles
identificatoires, puisque tous les choix sont possibles. Les excès de cet auto-centration peuvent-ils conduire à un individualisme qui tend à l’homogénéisation et défie le sexuel ? La force
contradictoire de sexuation et de désexuation, que sous-tendent les mutations anthropologiques et subjectives, amène un grand bouleversement des paradigmes culturels et subjectifs. En effet, les
avancées scientifiques traversent la barrière du corps amenant des situations impensables défiant la dichotomie corps/esprit.
Ainsi, le transsexualisme viendrait-il dévoiler l’auto-identification qui est au coeur de l’assignation de l’identité homme ou femme.
Néanmoins, la reconnaissance d’une société différentielle permet de soulever des problèmes qui, autrefois, auraient été tabous, telle la sexualité des handicapés. Elle permet aussi de lutter pour
que les transsexuels ne soient pas soumis à la tyrannie de l’hétérosexualité ou mis au ban de l’humanité. De ce fait, ils seraient contraints à la construction de leur propre subjectivité
déshumanisée.
Dans ce temps de l’autosuffisance, alors pourquoi faire couple ?
Actuellement, l’exigence des idéaux dans le couple n’a d’égal que son côté éphémère. Cependant, d’après Freud, l’homme et la femme en
liant la tendresse et le sexuel non seulement sortent de la masse mais la conduisent à sa décomposition.
Ces profondes mutations sociales dévoilent un monde, toujours en mouvement, aux prises avec des turbulences pulsionnelles. Ce monde ne
cesse de se définir, mettant à l’épreuve les individus dans leurs capacités identificatoires. Issus d’une société traditionnelle, ces individus se confrontent à un non-savoir sur la complexité
des nouvelles identités émergeantes affaiblissant les processus de symbolisation.
Si ordres et désordres recouvrent le chaos des origines, néanmoins pourront-ils être pensés ensemble pour échapper aux formes de
binarisation, dépasser l’image par la reconnaissance et entrer en dialogue ?
Tenter d’humaniser le sexuel est la tâche civilisatrice qui incombe à chacun.
Marie-Laure Dimon
Paris, le 7 juin 2012
Lieu de la conférence :
FIAP Jean Monnet
30 rue Cabanis
75014 Paris
TARIFS ET MODALITéS D’INSCRIPTION
:
50 euros AVANT le 15 octobre 2013
60 euros APRES le 15 octobre 2013
60 euros APRES le 15 octobre 2013
20 euros pour les étudiants et les retraités
80 euros pour la Formation professionnelle
Entrée libre pour les membres
Inscriptions auprès de :
Les places étant limitées, merci de vous inscrire sans tarder auprès de la trésorière :
Christine Gioja Brunerie, trésorière
23 rue Ernest Renan 75015 Paris
Tél. : 01 47 34 82 38
Email : contact@cipa-association.org
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