Psychanalyse et psychiatrie 26 Mars 2011 Lille
12ème colloque de l’ALEPH
samedi 26 mars 2011
Psychanalyse et psychiatrie
Le lien de la psychanalyse avec la psychiatrie relève d’abord de la nécessité d’une coopération thérapeutique. Dans certaines situations cliniques — angoisses
aigües, délires qui mettent en jeu la vie du patient ou d’autrui, anorexies graves… —, le psychanalyste doit évidemment associer un(e) psychiatre à la cure psychanalytique qui ne pourrait pas
venir, seule, à bout de telles crises. Les thérapies psychanalytiques exigent parfois un soutien pharmacologique. Inversement, des psychiatres adressent à des psychanalystes des malades qui
sortent de l’hôpital pour qu’ils puissent leur parler régulièrement de leurs problèmes.
Mais la psychanalyse et la psychiatrie communiquent aussi au niveau du savoir
clinique et théorique. Au cours de l’histoire, depuis la découverte de l’inconscient par Freud, de nombreuses passerelles ont été jetées de l’une à l’autre. Freud n’a pas toujours séparé de façon stricte les névroses d’avec les psychoses, englobant d’abord ces deux structures cliniques sous le terme de « psychonévroses ». Il savait pourtant établir de fins diagnostics différentiels pour les délimiter. En lisant, autour des années 1910, les Mémoires d’un névropathe du Président Daniel Paul Schreber, Freud se penche sur le cas d’un malade qui a passé une grande partie de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques. Se laissant instruire par le système paraphrénique de Schreber et par son transfert délirant sur son psychiatre, le professeur Flechsig, il élucide la pensée psychotique grâce à ses propres concepts : notamment la libido et le narcissisme. Dès 1905, Freud commença à correspondre régulièrement avec les psychiatres du Burghölzli, près de Zürich (Eugen Bleuler, Carl Gustav Jung, Karl Abraham, Max Eitingon, Ludwig Binswanger). Échanges fertiles mais chargés aussi de conflits et d’ambivalence, voire d’incompréhension
réciproque. Paul Schilder, un psychiatre et psychanalyste autrichien, a contribué aux deux disciplines. Très tôt, son travail sur l’image du corps a obtenu la reconnaissance de ses pairs. En France aussi, psychiatres et psychanalystes étaient compagnons de route. Ainsi l’émulation entre Jacques Lacan et Henri Ey, deux fleurons de la psychiatrie française, a-t-elle favorisé leurs productions scientifiques respectives. Et quand François Tosquelles, condamné à mort par le régime de Franco, s’enfuit en France pour s’installer à l’hôpital de Saint-Alban en Lozère et y fonder la psychiatrie institutionnelle, il a dans ses bagages la thèse de Jacques Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité.
Les temps ont changé. D’une part, la psychiatrie, en cherchant ses assises dans la biologie et dans les recherches sur le cerveau, s’éloigne de cette pratique de la parole que doit rester la cure inventée par Freud, même si un certain nombre d’analystes s’évertuent aujourd’hui à fonder une « neuro-psychanalyse », se référant, non sans raison, aux travaux pré-analytiques de Freud sur le système nerveux. Rivalisant avec l’analyse au niveau de la thérapie, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) reprochent à la cure
psychanalytique sa longue durée et prétendent obtenir des résultats rapides. Mais à quel prix ? On peut s’interroger sur ces méthodes qui passent par l’écrasement du symptôme au détriment du sujet.
Malgré les tensions qui résultent de la désaffection, voire de l’hostilité vis à vis de la psychanalyse dont témoignent ces courants psychiatriques, les psychanalystes ouverts aux changements dans le monde restent solidaires d’une psychiatrie qui respecte le sujet et le lien social qu’implique le discours psychanalytique. Ils s’entendent évidemment avec les psychiatres qui s’orientent encore sur ce qu’apporte la psychanalyse ainsi qu’avec les représentants d’une psychiatrie humaniste et sociale. Mais ils apprécient également les représentants de la psychiatrie « biologiste » qui s’investissent dans leur recherche scientifique sans pour autant forclore le sujet ni sa parole.
L’heure n’est ni aux rivalités imaginaires ni aux luttes pour la pureté analytique. Si les psychanalystes de l’ALEPH sont toujours attachés au principe de la psychanalyse profane, formulé par Freud en 1926, ils ne se font aucune illusion quant à la possibilité de le maintenir comme auparavant. Qui nierait le pouvoir de la psychiatrie dans la Cité ? Force est pourtant de constater que l’analyse n’est pas non plus dépourvue d’une autre sorte de pouvoir. Il lui est légué non pas par l’autorité politique mais par la grâce du transfert, critique de la suggestion, par la force performative de la parole, et par la puissance explicative de sa théorie.
Responsables de la santé mentale, dorénavant investie d’un pouvoir renouvelé par les autorités gouvernementales, les psychiatres sont pourtant loin d’être d’accord avec la législation actuelle sur les malades mentaux et se sentent déstabilisés par le poids décisionnel donné à l’administration de l’hôpital. Ils savent que tout chercheur qui affronte la question du sujet sera toujours suspect aux yeux d’un pouvoir tenté par la manipulation des foules. Voilà pourquoi la psychanalyse et la psychiatrie auraient intérêt à renouer rapidement le dialogue.
Pour le 12ème colloque de l’ALEPH, nous proposons un tel dialogue. Nous parlerons des liens entre la psychanalyse et la psychiatrie au niveau de notre expérience quotidienne, de même que dans la théorie et dans leurs histoires respectives. Nous exposerons les résultats acquis dans nos rencontres avec des malades dans les services hospitaliers, notamment ceux issus des présentations cliniques. Et nous inviterons des psychiatres de différents courants de pensée à échanger avec nous, dans un but tant thérapeutique qu’épistémologique.
Mais la psychanalyse et la psychiatrie communiquent aussi au niveau du savoir
clinique et théorique. Au cours de l’histoire, depuis la découverte de l’inconscient par Freud, de nombreuses passerelles ont été jetées de l’une à l’autre. Freud n’a pas toujours séparé de façon stricte les névroses d’avec les psychoses, englobant d’abord ces deux structures cliniques sous le terme de « psychonévroses ». Il savait pourtant établir de fins diagnostics différentiels pour les délimiter. En lisant, autour des années 1910, les Mémoires d’un névropathe du Président Daniel Paul Schreber, Freud se penche sur le cas d’un malade qui a passé une grande partie de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques. Se laissant instruire par le système paraphrénique de Schreber et par son transfert délirant sur son psychiatre, le professeur Flechsig, il élucide la pensée psychotique grâce à ses propres concepts : notamment la libido et le narcissisme. Dès 1905, Freud commença à correspondre régulièrement avec les psychiatres du Burghölzli, près de Zürich (Eugen Bleuler, Carl Gustav Jung, Karl Abraham, Max Eitingon, Ludwig Binswanger). Échanges fertiles mais chargés aussi de conflits et d’ambivalence, voire d’incompréhension
réciproque. Paul Schilder, un psychiatre et psychanalyste autrichien, a contribué aux deux disciplines. Très tôt, son travail sur l’image du corps a obtenu la reconnaissance de ses pairs. En France aussi, psychiatres et psychanalystes étaient compagnons de route. Ainsi l’émulation entre Jacques Lacan et Henri Ey, deux fleurons de la psychiatrie française, a-t-elle favorisé leurs productions scientifiques respectives. Et quand François Tosquelles, condamné à mort par le régime de Franco, s’enfuit en France pour s’installer à l’hôpital de Saint-Alban en Lozère et y fonder la psychiatrie institutionnelle, il a dans ses bagages la thèse de Jacques Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité.
Les temps ont changé. D’une part, la psychiatrie, en cherchant ses assises dans la biologie et dans les recherches sur le cerveau, s’éloigne de cette pratique de la parole que doit rester la cure inventée par Freud, même si un certain nombre d’analystes s’évertuent aujourd’hui à fonder une « neuro-psychanalyse », se référant, non sans raison, aux travaux pré-analytiques de Freud sur le système nerveux. Rivalisant avec l’analyse au niveau de la thérapie, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) reprochent à la cure
psychanalytique sa longue durée et prétendent obtenir des résultats rapides. Mais à quel prix ? On peut s’interroger sur ces méthodes qui passent par l’écrasement du symptôme au détriment du sujet.
Malgré les tensions qui résultent de la désaffection, voire de l’hostilité vis à vis de la psychanalyse dont témoignent ces courants psychiatriques, les psychanalystes ouverts aux changements dans le monde restent solidaires d’une psychiatrie qui respecte le sujet et le lien social qu’implique le discours psychanalytique. Ils s’entendent évidemment avec les psychiatres qui s’orientent encore sur ce qu’apporte la psychanalyse ainsi qu’avec les représentants d’une psychiatrie humaniste et sociale. Mais ils apprécient également les représentants de la psychiatrie « biologiste » qui s’investissent dans leur recherche scientifique sans pour autant forclore le sujet ni sa parole.
L’heure n’est ni aux rivalités imaginaires ni aux luttes pour la pureté analytique. Si les psychanalystes de l’ALEPH sont toujours attachés au principe de la psychanalyse profane, formulé par Freud en 1926, ils ne se font aucune illusion quant à la possibilité de le maintenir comme auparavant. Qui nierait le pouvoir de la psychiatrie dans la Cité ? Force est pourtant de constater que l’analyse n’est pas non plus dépourvue d’une autre sorte de pouvoir. Il lui est légué non pas par l’autorité politique mais par la grâce du transfert, critique de la suggestion, par la force performative de la parole, et par la puissance explicative de sa théorie.
Responsables de la santé mentale, dorénavant investie d’un pouvoir renouvelé par les autorités gouvernementales, les psychiatres sont pourtant loin d’être d’accord avec la législation actuelle sur les malades mentaux et se sentent déstabilisés par le poids décisionnel donné à l’administration de l’hôpital. Ils savent que tout chercheur qui affronte la question du sujet sera toujours suspect aux yeux d’un pouvoir tenté par la manipulation des foules. Voilà pourquoi la psychanalyse et la psychiatrie auraient intérêt à renouer rapidement le dialogue.
Pour le 12ème colloque de l’ALEPH, nous proposons un tel dialogue. Nous parlerons des liens entre la psychanalyse et la psychiatrie au niveau de notre expérience quotidienne, de même que dans la théorie et dans leurs histoires respectives. Nous exposerons les résultats acquis dans nos rencontres avec des malades dans les services hospitaliers, notamment ceux issus des présentations cliniques. Et nous inviterons des psychiatres de différents courants de pensée à échanger avec nous, dans un but tant thérapeutique qu’épistémologique.
Franz Kaltenbeck
9h15
Ouverture du colloque par Jean-Paul Kornobis, président de l’A.l.e.p.h.
9h 30-11h
Présidence,
— Franz Kaltenbeck, psychanalyste à Paris et à Lille
— Pierre Henri Castel, philosophe, directeur de recherches au CNRS, Paris
La psychopathologie cognitive contemporaine, et les chances bien réelles de la psychanalyse
S'il y a bien un préjugé enraciné, c'est l'incompatibilité de fond des incursions contemporaines des neurosciences cognitives dans le domaine traditionnel de la psychiatrie, et la psychanalyse. Les seuls points de convergence dont on entende parler sollicitent (à mon avis à tort) certains convictions naturalistes et positivistes de Freud, dans l'espoir de construire une "neuropsychanalyse", qui serait surtout une métapsychologie cognitive-friendly. Mais quand on entre dans les détails épistémologiques fins de cette nouvelle psychopathologie cognitive (évolutionniste) en formation, en respectant et sa complexité et sa diversité, on voit que les mêmes points d'achoppement sont toujours là, qui ont permis l'écart fondateur, chez Freud, à la neurologie de l'aphasie, où chez Lacan, via Jaspers, à la clinique psychiatrique des Classiques: le point d'énigme du sujet, la signification, le caractère intrinsèquement rationnel des affects, la socialité fondée sur le langage, etc. Au rebours des récusations unilatérales et de toutes façons impuissantes, car il ne sert à rien de rejeter des pensées et des abords du réel qui causent du déplaisir, j'essaierai de mettre en valeur certains de ces lieux problématiques dans la psychopathologie cognitive contemporaine, avec pour ambition de dissoudre certaines angoisses mal placées, et aussi de préciser les directions de travail laissées ouvertes par mon travail récent (L'esprit malade: Folies, cerveaux, individus, 2010).
—Pause—
11h 30-13h
Présidence, Geneviève Morel, psychanalyste à Paris et à Lille, présidente du CP.-A.L.E.P.H.
Esteban Radiszcz, psychanalyste à Santiago du Chili. Maître de Conférences à l’Université du Chili.
Quelques propos sur la question du pouvoir en psychiatrie et en psychanalyse, à partir du cas de la psychothérapie fondée sur l’évidence.
Le rapport étroit que la psychiatrie entretient avec le pouvoir – tout aussi bien dans sa pratique concrète qu’au niveau des fondements discursifs mêmes sur lesquels elle s’est déployée – a été examiné notamment par M. Foucault, R. Castel et E. Goffman. De nos jours, cependant, la psychiatrie ne saurait plus être rapportée de manière exclusive au pouvoir qui a partie liée avec sa constitution, à savoir le pouvoir disciplinaire. Comme Foucault le remarque, durant le XXe siècle, la psychiatrie s’est trouvé nouée à un tout autre pouvoir, moins lié à l’état policier qu’à l’administration de la vie.
Or ce biopouvoir paraît trouver une expression particulièrement saisissante dans un champ dans lequel psychiatrie et psychanalyse se rencontrent : le domaine des psychothérapies. En effet, si le programme de la soit-disant psychothérapie fondée sur l’évidence, qui naît dans les dix dernières années, a pu avoir une incidence aussi profonde sur les politiques publiques en santé mentale, c’est dans la mesure où il semble représenter l’une des manifestations les plus frappantes de la gouvernementalité biopolitique.
Tout comme d’autres, [proposition] : à l’instar d’autres psychanalystes, nous avons pu montrer la distance qui sépare la clinique psychanalytique de telles pratiques psychothérapiques, mais nous n’avons caractérisé cette divergence que sur le plan éthique sans aborder le problème politique. Nous nous proposons donc de prolonger nos recherches en examinant la problématique politique qui paraît se trouver au fondement d’un tel programme, ce qui ne saurait se faire sans se confronter à l’épineuse question du pouvoir en psychanalyse.
Docteur Muller, psychiatre, Lille
—Pause déjeuner—
14h15 -16h30
Présidence Emmanuel Fleury, psychiatre, psychanalyste à Lille.
Benjamin Weil, psychiatre, Lille
Eric Le Toullec, psychiatre psychanalyste, Toulouse
La folie à Hollywood : Mankiewicz, Forman, Scorcese
« Le cinéma est une forme qui pense » disait Jean-Luc Godard. Les films hollywoodiens sur la folie portent souvent à l’écran le conflit entre deux types d’approche thérapeutique, d’une part celle qui privilégie la parole libératrice sur le modèle souvent caricaturé de la talking-cure psychanalytique et, d’autre part, une approche organique neuro-chirurgicale sur fond d’enfermement asilaire.
Le dernier film de Martin Scorcese, Shutter Island (2010), reprend cette opposition sous une forme aussi inédite qu’ambigüe. En confrontant ce film avec des films plus anciens sur la folie comme Soudain l’été dernier de Josef Mankiewicz (1959) et Vol au dessus d’un nid de coucou de Milos Forman (1975), j’interrogerai l’évolution de la représentation de la folie au cinéma et son insertion dans les discours contemporains
— Pascal Lec’hvien, psychologue, psychanalyste, Rennes
—Pause—
16h45-18h15
Présidence, Sylvie Boudailliez, psychanalyste
Philippe Sastre-Garau, psychiatre, psychanalyste, Médecin chef du service de santé mentale MGEN Lille
Les paranoïas : De la présence clinique à l’évanouissement nosographique
« Grâce à un retour sur l’histoire des paranoïas, nous tenterons de comprendre leurs disparitions progressives des nosographies. Nous évoquerons pourtant la fréquence clinique de celles-ci et les modes de présentation actuels repérables dans un centre de santé mentale. Un cas clinique illustrera la pertinence des concepts psychanalytiques tant pour poser un diagnostic que pour guider les interventions dans le soin. »
Jean-Paul Kornobis, médecin généraliste, Lille, Président de l’A.L.E.P.H.
Médecine générale, psychanalyse et psychiatrie
Lors de cette intervention nous chercherons à montrer à partir de deux séminaires de formation médicale continue réalisés en 2009, que, face au grand nombre de psychothérapies actuellement proposées (plus de 400), les outils forgés par la psychanalyse depuis Freud et Lacan, permettent aux médecins généralistes, devenus par la force des choses « médecins référents » de leurs patients, une analyse pertinente du discours et des idéologies qui servent de support de ces psychothérapies. Parce qu’elle n’est « pas toute » psychothérapeutique, la psychanalyse permet en effet de mieux comprendre les enjeux de santé mentale qui tentent actuellement d’adapter le soin aux facteurs économiques environnants. Nous chercherons à montrer comment, les médecins généralistes sont amenés, pour répondre à la demande d’ « usagers de la santé », à remplacer la clinique du sujet que suppose la notion d’inconscient freudien, par une modélisation neurobiologique plus facilement évaluable et quantifiable.
18h00-18h15
Conclusion du colloque : Franz Kaltenbeck
Bulletin d’inscription au 12ème colloque de l’ALEPH
Inscription individuelle : 30 € -Tarif réduit (étudiant(e) de moins de 26 ans et demandeur d’emploi sur présentation d’un justificatif) : 10 € -Inscription prise en charge par une institution : 200 €. Ce bulletin d’inscription et à envoyer avec votre règlement adressé à l’ordre de l’ALEPH, à Dr Philippe SASTRE-GARAU, 64 avenue Bailly-Ducroquet, 59130 Lambersart.
( En cas d'absence le jour du colloque, le remboursement de la participation aux frais ne pourra pas être effectué.)
Inscription individuelle : 30 € -Tarif réduit (étudiant(e) de moins de 26 ans et demandeur d’emploi sur présentation d’un justificatif) : 10 € -Inscription prise en charge par une institution : 200 €. Ce bulletin d’inscription et à envoyer avec votre règlement adressé à l’ordre de l’ALEPH, à Dr Philippe SASTRE-GARAU, 64 avenue Bailly-Ducroquet, 59130 Lambersart.
( En cas d'absence le jour du colloque, le remboursement de la participation aux frais ne pourra pas être effectué.)
Écrire en lettres majuscules
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E mail : __________@________
Adresse :
E mail : __________@________
Adresse :
Samedi 26 Mars 2011 Psychanalyse et psychiatrie SKEMA, avenue Willy Brandt 59000 Lille |
9h15
Ouverture du colloque par Jean-Paul Kornobis, président de l’A.l.e.p.h.
9h 30-11h
Présidence,
— Franz Kaltenbeck, psychanalyste à Paris et à Lille
— Pierre Henri Castel, philosophe, directeur de recherches au CNRS, Paris
La psychopathologie cognitive contemporaine, et les chances bien réelles de la psychanalyse
S'il y a bien un préjugé enraciné, c'est l'incompatibilité de fond des incursions contemporaines des neurosciences cognitives dans le domaine traditionnel de la psychiatrie, et la psychanalyse. Les seuls points de convergence dont on entende parler sollicitent (à mon avis à tort) certains convictions naturalistes et positivistes de Freud, dans l'espoir de construire une "neuropsychanalyse", qui serait surtout une métapsychologie cognitive-friendly. Mais quand on entre dans les détails épistémologiques fins de cette nouvelle psychopathologie cognitive (évolutionniste) en formation, en respectant et sa complexité et sa diversité, on voit que les mêmes points d'achoppement sont toujours là, qui ont permis l'écart fondateur, chez Freud, à la neurologie de l'aphasie, où chez Lacan, via Jaspers, à la clinique psychiatrique des Classiques: le point d'énigme du sujet, la signification, le caractère intrinsèquement rationnel des affects, la socialité fondée sur le langage, etc. Au rebours des récusations unilatérales et de toutes façons impuissantes, car il ne sert à rien de rejeter des pensées et des abords du réel qui causent du déplaisir, j'essaierai de mettre en valeur certains de ces lieux problématiques dans la psychopathologie cognitive contemporaine, avec pour ambition de dissoudre certaines angoisses mal placées, et aussi de préciser les directions de travail laissées ouvertes par mon travail récent (L'esprit malade: Folies, cerveaux, individus, 2010).
—Pause—
11h 30-13h
Présidence, Geneviève Morel, psychanalyste à Paris et à Lille, présidente du CP.-A.L.E.P.H.
Esteban Radiszcz, psychanalyste à Santiago du Chili. Maître de Conférences à l’Université du Chili.
Quelques propos sur la question du pouvoir en psychiatrie et en psychanalyse, à partir du cas de la psychothérapie fondée sur l’évidence.
Le rapport étroit que la psychiatrie entretient avec le pouvoir – tout aussi bien dans sa pratique concrète qu’au niveau des fondements discursifs mêmes sur lesquels elle s’est déployée – a été examiné notamment par M. Foucault, R. Castel et E. Goffman. De nos jours, cependant, la psychiatrie ne saurait plus être rapportée de manière exclusive au pouvoir qui a partie liée avec sa constitution, à savoir le pouvoir disciplinaire. Comme Foucault le remarque, durant le XXe siècle, la psychiatrie s’est trouvé nouée à un tout autre pouvoir, moins lié à l’état policier qu’à l’administration de la vie.
Or ce biopouvoir paraît trouver une expression particulièrement saisissante dans un champ dans lequel psychiatrie et psychanalyse se rencontrent : le domaine des psychothérapies. En effet, si le programme de la soit-disant psychothérapie fondée sur l’évidence, qui naît dans les dix dernières années, a pu avoir une incidence aussi profonde sur les politiques publiques en santé mentale, c’est dans la mesure où il semble représenter l’une des manifestations les plus frappantes de la gouvernementalité biopolitique.
Tout comme d’autres, [proposition] : à l’instar d’autres psychanalystes, nous avons pu montrer la distance qui sépare la clinique psychanalytique de telles pratiques psychothérapiques, mais nous n’avons caractérisé cette divergence que sur le plan éthique sans aborder le problème politique. Nous nous proposons donc de prolonger nos recherches en examinant la problématique politique qui paraît se trouver au fondement d’un tel programme, ce qui ne saurait se faire sans se confronter à l’épineuse question du pouvoir en psychanalyse.
Docteur Muller, psychiatre, Lille
—Pause déjeuner—
14h15 -16h30
Présidence Emmanuel Fleury, psychiatre, psychanalyste à Lille.
Benjamin Weil, psychiatre, Lille
Eric Le Toullec, psychiatre psychanalyste, Toulouse
La folie à Hollywood : Mankiewicz, Forman, Scorcese
« Le cinéma est une forme qui pense » disait Jean-Luc Godard. Les films hollywoodiens sur la folie portent souvent à l’écran le conflit entre deux types d’approche thérapeutique, d’une part celle qui privilégie la parole libératrice sur le modèle souvent caricaturé de la talking-cure psychanalytique et, d’autre part, une approche organique neuro-chirurgicale sur fond d’enfermement asilaire.
Le dernier film de Martin Scorcese, Shutter Island (2010), reprend cette opposition sous une forme aussi inédite qu’ambigüe. En confrontant ce film avec des films plus anciens sur la folie comme Soudain l’été dernier de Josef Mankiewicz (1959) et Vol au dessus d’un nid de coucou de Milos Forman (1975), j’interrogerai l’évolution de la représentation de la folie au cinéma et son insertion dans les discours contemporains
— Pascal Lec’hvien, psychologue, psychanalyste, Rennes
—Pause—
16h45-18h15
Présidence, Sylvie Boudailliez, psychanalyste
Philippe Sastre-Garau, psychiatre, psychanalyste, Médecin chef du service de santé mentale MGEN Lille
Les paranoïas : De la présence clinique à l’évanouissement nosographique
« Grâce à un retour sur l’histoire des paranoïas, nous tenterons de comprendre leurs disparitions progressives des nosographies. Nous évoquerons pourtant la fréquence clinique de celles-ci et les modes de présentation actuels repérables dans un centre de santé mentale. Un cas clinique illustrera la pertinence des concepts psychanalytiques tant pour poser un diagnostic que pour guider les interventions dans le soin. »
Jean-Paul Kornobis, médecin généraliste, Lille, Président de l’A.L.E.P.H.
Médecine générale, psychanalyse et psychiatrie
Lors de cette intervention nous chercherons à montrer à partir de deux séminaires de formation médicale continue réalisés en 2009, que, face au grand nombre de psychothérapies actuellement proposées (plus de 400), les outils forgés par la psychanalyse depuis Freud et Lacan, permettent aux médecins généralistes, devenus par la force des choses « médecins référents » de leurs patients, une analyse pertinente du discours et des idéologies qui servent de support de ces psychothérapies. Parce qu’elle n’est « pas toute » psychothérapeutique, la psychanalyse permet en effet de mieux comprendre les enjeux de santé mentale qui tentent actuellement d’adapter le soin aux facteurs économiques environnants. Nous chercherons à montrer comment, les médecins généralistes sont amenés, pour répondre à la demande d’ « usagers de la santé », à remplacer la clinique du sujet que suppose la notion d’inconscient freudien, par une modélisation neurobiologique plus facilement évaluable et quantifiable.
18h00-18h15
Conclusion du colloque : Franz Kaltenbeck
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