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Texte de D Reniers pour la conférence de Mars 2010

Plus… Toujours plus de ce qu’on n’a déjà plus

L’économie désirante aujourd’hui

 

Dominique RENIERS

Laboratoire SHS-CEC – Unité de Recherche en Psychologie OCeS (Organisation, Clinique et Sujet)

Université Catholique de Lille – Faculté Libre des Lettres et Sciences Humaines

60 Bd Vauban BP 109. F – 59016 Lille Cedex

dominique.reniers@icl-lille.fr

 

            On me pardonnera, j’espère, de faire état pour commencer de mon symptôme. Lorsque Laurent Rompteaux m’a invité à cette soirée aux côtés d’un économiste, j’avoue avoir eu, les quelques minutes suivant son appel, un plan global de l’intervention orale que je pouvais assurer. Il me fallait évidemment évoquer l’importance de l’approche économique dans la métapsychologie freudienne. La notion de Besetzung, traduite par « investissement », n’est-elle pas plus complexe que ce qu’on en dit habituellement ? Et puis, évidemment, comment ne pas évoquer la notion de « plus-de-jouïr » telle que Lacan la travaille dans son séminaire XVI en s’appuyant sur la « plus-value » marxiste. Ca sentait bon l’université. Ca trouvait son appui assuré dans le livresque, dans la passionnante aventure des concepts psychanalytiques.

En allant un peu plus loin, c’est-à-dire en creusant un peu du côté de mon désir de dire quelque chose à cette soirée, je me suis aperçu que je m’installais confortablement dans ce que je m’efforce régulièrement de pointer, à l’Université mais pas seulement.[1] Car c’est un symptôme redoutable, aujourd’hui surtout, que ce recours intellectualisé au savoir universitaire. Devant le public d’un soir, les effets sont minimes, l’essentiel revenant à la narcissisation de l’orateur. Mais ils peuvent être meurtriers dans la pratique clinique. Cette place du savoir, qui prend la forme d’une simple application technique dans certains courants théoriques, devient proprement perverse quand on s’autorise à jongler avec des concepts sans rappeler, comme le faisaient Freud et Lacan, qu’ils n’ont de pertinence qu’à se voir noués avec la clinique.

Je saisis donc l’occasion ce soir d’instancier ce que je vais dénoncer comme une omission, voire une éviction radicale dans le monde contemporain, celle d’une parole possible qui tend à devenir trop gênante vis-à-vis du souci majoré de faire valoir l’efficacité d’une technique au détriment de ce qui, chez le sujet, pourrait ou devrait la relativiser, voire la contredire.

Point de savoir posé donc ce soir, mais une parole, la mienne, qui assume le risque d’être ex-posée, dans le sens avant tout de ce qui se pose d’un lieu de nécessaire extériorité (ex) qui seul rappelle qu’un sujet n’est « pas tout ». Cette parole, c’est ce qui tend à ne pas vouloir être entendue dans un monde contemporain fondé sur une économie de marché tirant bénéfice, dans son déploiement, d’une logique technoscientiste qui ne jure que par l’efficacité et le plein.

De fait, mon discours gravitera autour de deux idées essentielles. D’une part, je vais tenter de montrer que l’acte de parole, en tant qu’il renvoie à la dimension du langage dont se réclame le sujet, est subversif dans sa nature première. Subversif, parce qu’il contredit le fait d’être, d’être simplement au nom d’un savoir tel celui propre à la logique de marché qui réduit le sujet au statut de besoin identifiable. D’autre part, il s’agira de voir en quoi cet acte subversif que constitue la parole se voit évincé dans une logique technoscientiste qui, dans le savoir, s’y entend à remplir et en cela à réduire l’autre au silence.

Ces deux idées que je ne pourrai malheureusement pas aborder avec l’approfondissement voulu, permettront peut-être de comprendre en quoi la crise, celle du sujet avant tout, peut et doit être entendue comme ce qui reste du sujet à se dire…

 

Il faut être précis sur les termes qui seront ici employés, notamment à propos du terme de technoscientisme qui, s’il était confondu avec celui de « Science », conduirait aux plus grandes contradictions.

Le technoscientisme a beau être une partie de la Science, il ne doit absolument pas être confondu avec elle. La Science vise l’élaboration d’un savoir réfutable et a priori généralisable, sur la base de faits observables et objectivables. Elle peut, l’Histoire le montre bien, conduire au meilleur (comment aurais-je pu venir ici-même, si le savoir scientifique n’avait pas permis la construction de l’automobile ?) comme au pire (on peut penser à Auschwitz qui a été un véritable vivier d’expériences à prétention scientifique, ou à la construction de la bombe A). Cependant, se présente avec elle un distinguo essentiel entre le savoir qu’elle établit et l’usage qu’il est possible d’en faire. L’exemple le plus frappant peut être évoqué au niveau de la génétique appliquée à la psychiatrie. Récemment, à Angers, un généticien a découvert un gène fréquemment rencontré dans le génogramme des autistes. Ce scientifique affirmait haut et fort qu’en aucun cas la découverte d’un tel gène pouvait être tenue pour recouvrir la complexité de l’autisme dans son ensemble syndromatique. Cependant, l’usage qui a été fait, médiatiquement surtout, d’une telle découverte, envers et contre cette prudence et cette honnêteté du scientifique, a été de mettre en avant la découverte du gène ou de l’un des gènes responsable(s) de l’autisme. Bien sûr, ce type de discours est ardemment attendu. Par les familles d’enfants autistes autant que par les détracteurs de la psychanalyse qui sont toujours prêts à bondir sur ce genre de discours pour faire valoir l’efficacité dont elle ne veut pas se réclamer. En tout cas, les choses peuvent être fausses, on utilisera la découverte scientifique avant tout pour faire croire à qui est en attente de la réponse relative au problème qu’il rencontre. On l’utilisera autrement dit pour faire entendre ce que chacun veut entendre.

C’est oublier (mais pourquoi se le rappeler en ce que le but est ailleurs justement !) que la Science concerne fondamentalement le champ du possible, qui est toujours relatif et en cela ne peut que tendre vers une généralisation toujours susceptible d’être remise en cause.

Tout autrement il va pour le technoscientisme. Le savoir scientifique devient avec lui moyen pour atteindre un but qui est celui de satisfaire chacun. En cela, il vise l'universel sans forcément admettre l'échelle relative sur laquelle s'appuie la Science, le seul critère étant le résultat observable et quantifiable d'une consommation effective de ce qu'elle a produit. C'est l'usage qui, dans le technoscientisme, est prioritaire. Le savoir est en cela pur moyen. C'est pour cela que, contrairement à la Science, le technoscientisme s'inscrit pleinement dans une logique de marché. Celle-ci en effet va s'appuyer sur ses productions pour fonctionner sur la base du leurre qu'à chacun peut être apportée la réponse adéquate à son besoin. On sait ce qui manque à chacun et on produit ce qui aura pour effet de le combler.

            La conséquence est double. D'une part, parce que l'individu est réduit au besoin, on peut produire à son endroit un savoir (sur ce qui lui manque et sur ce qui peut le combler), en quoi la production sera orientée par ce savoir. D'autre part, un véritable cercle vicieux s'établit dans la mesure où cette production orientera forcément la quête de l'individu vers un « plus » pour le combler. L'offre est déterminée par un besoin identifié qui, à son tour, justifiera tout autant l'offre ultérieure. Un cercle clos qui n'est qu'apparent donc, dans la mesure où on a beau faire tout ce qu'il faut pour combler l'individu, celui-ci en demandera toujours plus dans le sens d'une satisfaction qui reste à obtenir encore et encore. Ca rate toujours, et pourtant, tout est fait pour que précisément ça ne rate pas. Comment mieux sentir, dans ce ratage qui refuse d'être admis, les matériaux élémentaires pour que la crise trouve son espace à se produire ? On y reviendra plus loin...

 

            Le principe consommatoire, évidemment, est le maître-mot de toute cette affaire. On aurait tort cependant de réduire les choses au schéma simpliste d'une correspondance étroite entre besoin et offre, autrement dit à quelque complémentarité plus ou moins parfaite entre le besoin identifié du consommateur et l'offre, selon le circuit clos dont il vient d'être question. Le fait même que l'essentiel repose sur un savoir suffit déjà à s'en convaincre Il y a en effet de part et d'autre, c'est-à-dire du côté du consommateur autant que du côté du producteur, une nécessaire anticipation dans le savoir de ce qui est susceptible de combler le besoin. La consommation est essentiellement prévisionnelle autant que provisionnelle.

            Quand je fais, le week-end, mes courses comme on dit, je n'achète pas aussi simplement ce dont je sais manquer chez moi. C'est sans doute vrai pour une partie, mais la plupart de mes achats sont réalisés dans un savoir très particulier qui est celui de prévoir ce dont je pourrais manquer. Il y a là beaucoup plus qu'une simple nuance, car la logique qui se présente n'est pas tant celle qui consiste à combler un manque localisable réellement, mais de combler ce qui se poserait ainsi dans un avenir proche. En quoi le schéma ne se limite-t-il pas à combler un manque, mais bien plus fondamentalement à éviter un manque anticipé. Ce que je vise, en faisant mes courses, ce n'est pas de combler un manque, mais d'éviter dans les jours à venir de manquer.

            Une telle logique d'anticipation est évidemment pleinement justifiable tant qu'on reste dans le champ de la consommation courante. Qui d'entre nous serait dans la possibilité matérielle de réaliser ses courses quotidiennement, avec le rythme de travail qu'il a ? Le problème se pose toutefois lorsqu'un tel schéma se présente en dehors d'un tel registre relevant de la vie quotidienne, en s'appliquant à un domaine aussi large et important que celui de la santé publique.

            Il y a quelques jours, tandis que j'attendais mon bus, est passé devant moi une camionnette sur la portière de laquelle était écrit : « Urgent. Transport médicaments ». Plus étonnante était la phrase rédigée en slogan sur ses côtés arrières : « La santé n'attend pas ». Ce genre de message passe inaperçu, tant nous nous sommes adaptés à ce phénomène que la médecine n'est plus tant concernée aujourd'hui par la maladie contre laquelle elle doit lutter, que vers la caution scientifiquement fondée d'un état normalisé qui s'appelle « la santé ». Le slogan  sur la camionnette le signifiait on ne peut plus clairement : la médecine se donne désormais pour objet non plus la maladie à soigner mais ce qui risque de faire défaut à cet état érigé en référence première qu'est la santé. Cela n'est pas si vieux. Depuis quelques années seulement, on en est venu à parler de nouvelles méthodes thérapeutiques sur la base d'implantations géniques. En réponse à ce qui fait faillite dans l'histoire singulière, un cancer par exemple, voilà qu'on injecte ce qui est censé déterminer génétiquement un état opposé à cette faillite, plus largement à l'idée même de faillite. On le voit bien, il en va clairement ici aussi d'une inflexion décisive dans le rapport au savoir. On ne lutte pas contre ce qui manque mais contre ce qui peut manquer.

            Cela s'est vu récemment, dans une dramatisation qui frôlait le grotesque, à propos de ce « machin N1 », cette grippe qui portait la même initiale qu'une bombe inventée peu après guerre. Il ne s'agissait pas de lutter contre la grippe, mais bien pour éviter qu'elle se propage, autrement dit pour éviter qu'elle touche la santé du citoyen. Bien sûr, chacun applaudira des deux mains devant une telle politique de prévention. Il n'empêche que cela a été l'occasion de constater qu'il s'agissait avant tout d'un moyen de faire valoir une action de nature avant tout, voire exclusivement, politique, qui usait des pires supercheries médiatiques[2] pour produire une véritable psychose collective et pour faire entendre que la santé est devenue non plus l'affaire de chacun, mais celle de l'Etat. Sainte mère gouvernementale, veillez sur nous !... Et les faits ont montré que ça marche bel et bien !...

            Et ce qui se présente du côté de la Santé prend une dimension véritablement dramatique lorsque les principes ici engagés en viennent à concerner le champ du handicap. A force de faire valoir les progrès techniques sur le plan échographique (au point de devenir un luxe chez certains qui peuvent jouir d'une échographie 3D en totale indépendance d'un motif d'observance médicale)[3], comment s'étonner des plaintes et revendications qui surgissent de plus en plus lorsque l'enfant naît avec un handicap, même mineur ? Le décret Perruche n'est pas si ancien, qui allait jusqu'à formuler la question d'un droit de vivre handicapé. Certes, la technique échographique a éliminé bon nombre de pathologies fœtales et néonatales gravissismes. Mais chaque avancée a ses limites et surtout son envers, surtout si elle est reprise dans une logique technoscientiste. La promesse d'un savoir absolu, dans le prédictif, de l'état de l'enfant à venir est, dans cette logique, bien là pour justifier la plainte. Et cela serait peu, en vérité, si ne s'y associait une place d'autant plus fragilisée pour le sujet handicapé qui, d'une manière ou d'une autre et quels que soient les moyens réparateurs mis en place pour y remédier, vivent une existence fondée sur le conditionnel d'un prédictif injustement non-advenu de la part de l'autre : « Si, moi parent, j'avais su qu'il naitrait ainsi ... »

            Ainsi la maladie et à plus forte raison le handicap deviennent-ils scandales. En quoi le discours technoscientiste s'empare-t-il du marché particulièrement juteux du « bien-être », expression fourre-tout qui fleurit dans les rayons de la plupart des grandes librairies, où cohabitent médecine douce, techniques de yoga et manuels du bonheur écrits parfois par quelque guignol qui se réclame sans rire de la psychanalyse. Quand Freud en vient à cohabiter avec telle pratique de massage, on en vient à se demander quand il sera enfin possible d'acheter son « Malaise dans la Civilisation » (rédigé en 1929, c'est-à-dire justement peu avant le grand crack boursier de 1930) dans un Centre de beauté !...

            Mais dans ces discours contemporains qui inclinent finalement à penser que la prédiction d'Orwell est enfin réalisée, il reste le scandale des scandales, celui qui, malgré tous les efforts déployés par le régime technoscientiste à promettre le meilleur des mondes « toujours-pour-tout-à-l'heure », signe son irrévocable impuissance, je veux parler de la mort.

            Deux exemples méritent ici d'être mentionnés. D'une part la réalité de ce qui ne se lira jamais dans les textes officiels d'établissements de santé, textes qui n'ont de consistance qu'à faire valoir justification à subvention, à savoir les soins palliatifs tels qu'ils se présentent dans la réalité de terrain, celle dont on ne parle précisément jamais. Car on ne dirige pas, sauf exception, un patient en fin de vie vers ce type de service pour envisager une réelle prise en charge où l'accompagnement peut enfin prévaloir sur un curatif qui peut toujours devenir acharnement thérapeutique. On l'y oriente essentiellement parce que le mourant signe l'échec inacceptable de cette toute-puissance arborée en leurre dans le discours technoscientiste. Comment feindre la surprise de voir un nombre croissant de décès dans cet espace et ce temps de l'entre-deux, celui entre le départ du service curatif et l'arrivée dans celui palliatif ? Quand un « No man's Land » devient un « Land of no Man » !

            D'autre part, on n'est sans doute pas sans savoir que s'est mis en place depuis plusieurs années le fameux « plan 40 », devenu depuis nouvel argumentaire à subvention style Iso 9000 et quelques. Voilà donc une procédure « clef en main » supposée donner de façon optimale et objective un pronostique léthal à un patient qui n'est pas censé le savoir (ou plutôt censé ne pas le savoir). Une communication codifiée qui, sous le couvert d'arrondir l'angulosité du verdict médical, conduit à une procédure type permettant au médecin de pouvoir « informer sans parler » à quelqu'un réduit au statut de simple récepteur d'un message et pour lequel on persiste sans rire à dire qu'on le prend ainsi comme sujet.

 

            Au final, ce qui est visé avec le discours technoscientiste, dans le secteur de la santé comme dans beaucoup d'autres (notamment celui de la communication qui est l'un des marchés les plus juteux aujourd'hui), n'est autre que la jouissance. Il faut être précis car ce mot est souvent employé dans un sens diamétralement opposé à celui qui lui est réservé en psychanalyse. De plus, il faut préciser que ce n'est pas tant la jouissance en tant que telle qui est visée que l'entretien d'un « possible » à son endroit. C'est ici que la question du savoir rejoint celle du croire. On entend souvent formuler l'idée que le monde contemporain est marqué par une faillite de toute forme de croyance. Cela est peut-être vrai si on entend celle-ci dans sa référence classique à une ontologisation de l'Autre, sous la forme des dieux par exemple. A ce titre en effet, il est incontestable que l'Autre, aujourd'hui, en tant qu'il rappelle qu'un sujet n'est jamais « tout », tend à disparaître. De là à affirmer que de nos jours le savoir tend à supplanter le croire, l'observation révèle que les choses ne sont pas aussi simples. Car c'est justement l'un des principes essentiels du technoscientisme de « faire croire », ce tant dans ses promesses qui se réitèrent constamment que dans le savoir lui-même qu'il arbore sur la voie officielle. On notera le paradoxe : croire dans la Science (confondue ici avec le technoscientisme), c'est croire en ce qu'on n'a pas à croire. Comment croire en effet à ce qui est présenté comme ce qui est et doit être ? Si Dieu était là, devant moi en cet instant, comment pourrais-je y croire ? Il me suffirait de constater. De là le leurre d'un « tout est possible » qui se combine avec l'idée que rien ne l'est dans la mesure où tout est posé comme en instance d'être « déjà là », sans que le sujet ait à s'inscrire dans la dimension d'un possible pour y accéder. Le « croire » n'est plus du registre du simple possible (il est possible de croire, il est possible que Dieu soit). Il est confondu avec ce qui est de l'ordre de l'évidence et de la promesse.

            Ce qu'il faut entendre par là, c'est la mise à mal de que j'ai en un autre lieu appelé le déclin de la fonction d' « auteurité ». Etre sujet, c'est forcément occuper une place d'extériorité par rapport à ce qui peut en émaner au titre de production. Si je parle, le « je » ne peut être confondu avec le contenu de la parole qui se déploie. C'est ce qui permet justement que je peux m'instituer comme auteur de cette parole, que je peux la considérer comme mienne. Sur un plan général, le déficit de la fonction d'auteurité se mesure à la disparition des « auteurs-penseurs ». Sartre, Merleau-Ponty, Lacan, ne sont plus là pour aménager l'espace d'une pensée dont ils ont été l'auteur et qui a aménagé l'espace d'un travail possible dans la pensée de chacun. Un collègue analyste, récemment, me demandait : « Est-ce que tu apprends encore des choses nouvelles quand tu lis un livre aujourd'hui ? ». Et ce qui s'observe ainsi au niveau de ces intellectuels qui ont pour fonction de déranger, au sens de mettre au travail, n'est pas sans se retrouver au niveau de ce qui peut se dire de la psychopathologie du sujet du monde contemporain.

 

            A ce titre, bon nombre d'auteurs y sont allés de leur analyse catégorique, oubliant souvent que leur discours lui-même prenait place avant tout au sein d'un système qui, de façon plus ou moins directe, se voyait dénoncé. Pour faire simple, certains voient dans le monde contemporain les indices d'une psychotisation quand d'autres voient l'évolution de ce qu'ils appellent un peu péremptoirement un « néo-sujet » vers la perversion commune ou ordinaire. D’autre part, on ne saurait évidemment passer sous silence les fameux « états-limites » qui sont devenus, quelle que soit leur valeur diagnostique, comme le miroir de cette mise en défaut de la limite tel qu'elle peut être observée dans la plus élémentaire des cliniques du quotidien. Je ne m'embarquerai pas ce soir dans cette voie qui tend parfois à faire prévaloir l'idéologie de telle ou telle école analytique. Quitte à ne pas couvrir la multitude des tableaux cliniques qui pourraient être recensés, je me limiterai (car de la limite, il en faut bien !) à évoquer quelques configurations qui me semblent particulièrement propres à exprimer le profond malaise dans la postmodernité.

            Olivier Douville, en inventant le néologisme de « mélancolisation », introduit une dimension psychopathologique particulièrement intéressante. Sans reprendre tout ce qui a pu être dit, chez des auteurs aussi importants que Binswanger ou Freud par exemple, sur la mélancolie d'où provient ce terme, il est important de pointer ce fait essentiel que le mélancolique fait classiquement entendre qu'il se vit comme déchet, simple « chose » dans un monde qu'il ne parvient pas à habiter ou seulement sur le mode d'y être de trop. S'il se vit ainsi, c'est justement que ce monde a perdu tout son éclat de soutenir la tension essentielle relative à l'objet du désir. Car cet objet est fondamentalement « voilé ». C'est ce qui provoque l'inévitable déception quand on se leurre dans l'idée de l'avoir enfin obtenu. Car le voile levé ne révèle qu'une chose : ce n'était pas ça ! C'est pour cela (Freud l'avait noté très tôt) que l'objet (du désir) ne prend consistance qu'une fois perdu. L'obtenir, dans l'illusion nécessairement, c'est d'emblée l'avoir déjà perdu, un peu comme ce cadeau qu'on offre à un enfant qui s'en désintéresse quand bien même il avait insisté à corps et à cri pour l'avoir. Chez le mélancolique, le voile se lève pour montrer réellement ce qu'il y a de toujours derrière, à savoir rien... Il rencontre autrement dit la vérité dont s'enrobe l'objet du désir, à savoir qu'il ne peut être atteint sans bouleverser gravement le mouvement propre à l'économie désirante qui est de relancer à l'infini, de « répéter », cette quête é-perdue d'avance. Car c'est de manquer un tel but, avoir l'objet réellement, que le « manque-à-gagner » peut prendre place. C'est de là que le terme de mélancolisation tire toute sa pertinence pour qualifier la souffrance du sujet du contemporain. Dans la mesure où l'objet est posé dans l'officialité des discours comme « toujours-déjà-là », fermant toute voie au « possible » (c'est-à-dire au possible échec), dans la mesure de plus où il est posé comme ce qui vient nécessairement combler un besoin dûment identifié comme « ce qui est », le sujet peut rencontrer le poids d'inanité de son statut de désirant. A travers cet objet réduit à l'état de simple consommable, il est renvoyé comme en miroir à ce qu'il « est », simple « produit » parce que posé comme consommateur autant que comme consommé ou consommable dans un système où tout est déjà dit. Chose parmi les choses, reste pour garder quelque attache à la vie que la corde qui lui permettra de se pendre ou l'espoir qu'il aura lui-même une place majorée dans le désir des autres qui l'auront perdu pour le désirer en le prenant enfin pour autre chose que ce qu'il est...

            Autre figure sur laquelle, à ma connaissance, peu d'auteurs se sont arrêtés. Je veux parler de cette violence très particulière qui ne porte pas sur tel ou tel objet en particulier mais sur n'importe lequel tant qu'il répond au critère d'être consommable. Une publicité, il y a quelques mois, le montrait bien. On y voyait un couple qui jouait comme en défi à détruire ce qui semblait avoir valeur, le gagnant étant en sous-entendu celui qui détruirait l'objet le plus chic. Dans la vie quotidienne, on parlera de « vandalisme » pour caractériser cette propension au saccage aveugle et sans limite. Ainsi est-on surpris de découvrir un matin que les pneus de toutes les voitures d'un quartier ont été crevés. Ou encore, quand je me rends, toujours très tôt, à l'université, je demeure toujours surpris de voir régulièrement des cabines téléphoniques détruites ou plusieurs voitures avec des essuie-glaces arrachés. On pourra toujours mettre le phénomène sur le dos des beuveries de jeunes ou d'étudiants, cela ne change pas grand chose à ce qui tente sans doute de s'y dire, surtout que le phénomène n'est pas si ancien, du moins dans sa fréquence. Il ne s'agit pas de vengeance vis-à-vis de quoi que ce soit ou de qui que ce soit de ciblé. Il s'agit de détruire l'objet au-delà justement de ce qu'il est censé représenter. Il est là, sur ma route, je le détruis. C'est là, me semble-t-il, une manifestation particulièrement symptomatique du statut conféré à l'objet dans le technoscientisme. Un objet pour un objet, pris pour ce qu'il est et non pour ce qu'il peut représenter. Voilà ce qui s'instancie, je crois, dans une telle destructivité aveugle. C'est une violence, le mot ne peut pas ne pas sonner dans l'économie de marché ambiante, qui se caractérise fondamentalement d'être « gratuite »...

A l’extrême opposé de cette violence gratuite peut être localisée la toxicomanie, qu’un auteur comme Chemama tient pour le paradigme du monde contemporain. Cette figure de la toxicomanie s’impose à deux titres. D’une part, elle témoigne d’une totale soumission à l’objet-drogue, du moins sur un plan phénoménal. D’autre part, elle se caractérise essentiellement par l’affranchissement de la limite dans la quête d’un état de totale jouissance. Juste une parenthèse à propos du rapport au produit chez le toxicomane, un rapport que l’on qualifie souvent de « dépendance ». Il convient ici d’être précis. C’est l’un des apports essentiels de la psychanalyse d’avoir montré que l’objet n’a de consistance que dans la mesure où il est l’enjeu d’un investissement, d’une « occupation » (Besetzung) pulsionnelle. Il en va à ce titre de la toxicomanie comme de ces états apparemment complètement différents que sont l’état amoureux ou le deuil. De cet objet (la drogue, l’objet aimé, l’objet perdu), on ne peut pas dire que le sujet s’en rend dépendant. Il est en vérité dépendant de ce qu’il y dépose. En termes un peu techniques, on parle d’investissement narcissique de l’objet. L’incidence d’une telle lecture des choses est essentielle. Car il est classiquement tenu pour nécessaire thérapeutiquement de fixer pour objectif la suppression de cet objet de dépendance, c’est-à-dire du produit pour le toxicomane. C’est là l’un des relents du pragmatisme technoscientiste qui mettra en œuvre la technique ad hoc pour atteindre un tel résultat objectif sur lequel s’arrêteront les vivat de congressistes avides de démontrer la valeur chiffrable de leur procédure appliquée. Le problème, l’histoire nous l’enseigne ! Supprimez le produit, vous ne supprimerez pas forcément l’investissement… De là, rechute, voire tentative d’autolyse réactionnelle. On aura beau à ce titre inventer tous les produits de substitution du monde, on leur donnera inévitablement un statut identique à celui de l’héroïne qui, du temps de Freud, n’était autre qu’un moyen de se libérer de la cocaïne. C’est à ce titre, je crois, que la toxicomanie est exemplaire des configurations psychopathologiques du contemporain. Exemplaire, elle l’est bien à deux titres : du côté du sujet peut-être, mais aussi, voire surtout, du côté de l’intelligence socio-médicale qui, on ne saurait le nier, témoigne d’une dépendance aussi importante à son produit à elle, à savoir le résultat d’une technique évaluée sur les coordonnées d’une pratique « à la petite semaine » et surtout capable de remplir sa copie auprès des attentes politiques. Il est vrai, ne l’oublions pas, que la classe politique n’est pas moins dépendante de son électorat !...

Avec la mélancolisation, la violence gratuite et la toxicomanie, se présentent trois grandes figures essentielles de la souffrance subjective dans le contemporain. Je ne prétends pas, je le répète, établir une liste exhaustive des configurations psychopathologiques qui lui sont propres. Bon nombre d’autres cas de figure auraient pu être évoqués ici, tels les troubles alimentaires ou les modes spécifiques de la plainte aujourd’hui. Mais je propose de revenir à présent sur ce qui ressort d’essentiel ici, à savoir la question de la jouissance qui se pose dans le discours technoscientiste comme accessible. Mais qu’est-ce que la jouissance au fait ?...

 

            Loin de moi l’idée d’évoquer en quelques minutes la complexité dont se réclame la ou plutôt les jouissances. Je me contenterai de quelques remarques générales, priant les férus de la psychanalyse présents de bien vouloir pardonner la portée inévitablement réductrice de ma présentation.

Il faut tout d’abord rectifier une confusion très souvent admise : la jouissance n’est pas le plaisir. Elle lui est au contraire rigoureusement opposée. Le plaisir est tension vers une satisfaction qui ne s’atteint jamais totalement, ou cessation d’une tension désagréable. Elle est tension vers ce qui, une fois atteint, est déjà perdu ou contre ce qui, déjà là, est en instance de ne pas perdurer. Chez le nourrisson par exemple, c’est la tension qui s’aménage en voie de cessation au moment de l’allaitement, et plus tard celle qui se cristallisera autour de l’attente du sein. La jouissance est tout autre. Elle correspond à un état fixe, figé, qui est justement cessation totale de toute excitation. Cet état d’inexcitation absolue, on en trouve l’expression privilégiée, mythique, dans ce qui correspond à cet état qui précède toute vie, c’est-à-dire cet état qui peut être qualifié dans l’après-coup seulement comme plein, et dont le modèle (fantasmatique, c’est-à-dire construit dans ce même après-coup) est la fusion avec l’Autre maternel. Mythique, cet état ne peut pas ne pas l’être dans la mesure où il faut bien être en dehors de celui-ci pour qu’il puisse prendre consistance pour le sujet. Celui-ci s’y trouverait-il encore qu’il ne pourrait investir quoi que ce soit, puisqu’il n’aurait aucun lieu. Je rappelle en effet ce point essentiel que, pour s’inscrire à une place de sujet, il faut nécessairement occuper une place de foncière extériorité à soi et à l’Autre.

On retrouve bien ici, pour revenir à ce qui nous intéresse ce soir, cette logique du « croire » que j’évoquais tout à l’heure à propos du savoir technoscientiste. Car la jouissance ne peut être atteinte. Et pourtant, c’est l’un des principes fondamentaux de l’économie désirante de ne jamais cesser de tendre vers un tel but. Ca « rate » toujours et c’est pour cela que le désir est relance perpétuelle à partir de ce ratage. Freud avait repéré cette dynamique essentielle et lui avait donné pour nom « pulsion de mort ». Celle-ci rappelle que tout espoir, toute tentative d’atteindre le plein, est à la fois le but ultime du désir et ce qui soutient celui-ci du sceau de l’impossible. On n’atteint jamais la jouissance mais ce qui, en tant que leurre (dans les deux sens du terme), est posé pour en tenir lieu. La vie elle-même « rate », parce qu’il y a forcément la mort. Et celle-ci, loin d’être simple obstacle, est paradoxalement ce qui lui permet d’être vie. Cliniquement, il suffit d’avoir entendu une fois dans sa pratique un sujet en fin de vie pour se rendre compte que c’est effectivement la mort qui donne à la vie sa dimension vitale. « S’il n’y avait pas la mort, comment ferions-nous pour supporter tout cela ! », s’écriait Lacan une fois à Louvain. « On peut mourir d’être immortel » disait Nietszche. Bref, de cet écart infranchissable entre ce qu’on vise (la jouissance) et ce qui est là de toujours (la jouissance) nait le désir qui, dans son ratage essentiel, crée toujours et encore son objet qu’il ne cesse de perdre encore et toujours.

A ce niveau, on peut renouer avec la question du discours technoscientiste. Ce discours, qui prône donc la jouissance comme accessible, est diamétralement opposé justement à ce qui fonde celle-ci. Jamais, au grand jamais (et c’est heureux pour notre condition de sujet parlant !), il ne parviendra à réaliser les promesses qu’il ne cesse de promulguer. C’est un discours qui a beau poser comme fin qu’il n’y a pas de fin, pas de limite, il situera sa logique dans la seule enceinte d’une croyance dont on a vu tout à l’heure le caractère paradoxal dans la mesure où elle porte ici sur le savoir.

On serait tenté de croire que l’essentiel des figures pathologiques entr’aperçues plus haut relèvent d’un tel paradoxe. Ce n’est pas si simple. Car en promettant l’accessibilité de la jouissance, le discours technoscientiste présente ceci de particulier qu’il s’aligne parfaitement sur la quête de la jouissance telle qu’elle se présente chez chacun, tout en remettant en question l’inéluctable et nécessaire ratage qui fonde l’économie désirante. Qui d’entre nous, franchement, oserait affirmer son opposition personnelle (en se positionnant évidemment en dehors d’une idéologie d’appartenance) à un tel discours qui ne fait que reprendre sur la scène du réel ses propres attentes en faisant croire de surcroît qu’elles peuvent aboutir ? Plus efficacement que n’importe quel discours totalitaire, celui « totalisant » du technoscientisme ne peut admettre aucune opposition, parce qu’il n’appelle pas à l’adhésion massive de tous à un discours, mais « rappelle » le déjà-là d’une intimité propre à chacun. Jamais il n’aura à faire taire quelque opposant à son discours, parce qu’il parle la langue du « tout-un », celle de la jouissance. Il faut en vérité être fou pour parler une autre langue que celle-là, comme le mélancolique qui n’a d’autre but qu’en finir avec cet infini. Qui sait, peut-être faudra-t-il un jour réserver dans les classifications modernes de la psychiatrie sémiologique, une nouvelle étiquette pour ceux qui, assurant envers et contre tout leur place d’extériorité de sujet, osent encore penser, et qui en viennent forcément à être les marginaux du contemporain !...

 

En tout cas, c’est dans cette collusion entre discours technoscientiste et économie désirante que me semble pouvoir être localisé le grave malaise du contemporain. Car envers et contre une telle prétention au « tout-un » totalitaire dans la discrétion de l’intime, les choses persistent à rater. Les promesses non tenues épuisent, finissent par déprimer… D’où justement la crise qui se posera toujours là pour rappeler ce que le discours technoscientiste veut faire taire. La crise, qui signifie étymologiquement « décider » (κρισις) se pose bien là pour rappeler qu’il en va essentiellement d’un leurre. Elle est autrement dit ce qui du réel insiste malgré tout à rater envers et contre la croyance du « tout-un ». On la repérera, comme on l’a vu, dans la violence gratuite autant que dans la toxicomanie. Mais bien plus parlante sera la figure de la mélancolisation qui renvoie comme en miroir le caractère paradoxal de ce « tout-un ». Car le « décisif » critique se soutient de sa foncière ponctualité dans le temps. Et à ce titre, on conviendra de la valeur toute symptomatique de son emploi dans le discours aujourd’hui. Car il en va bien d’une crise qui n’en finit pas, qui n’a autrement dit plus rien de proprement critique au sens précis du terme. C’est cela qui favorisera chez le sujet le choix du passage à l’acte. Car il faut bien, dans ce marasme désespéré et désespérant du technoscientisme, se résoudre à écrire vaille que vaille le mot « fin » par soi-même, parce qu’il est non-lieu dans ce discours. Bien sûr, là aussi, le dernier mot reviendra au savoir : il a mis fin à ses jours parce qu’il était dépressif. Désignation en forme de vérité et qui donnera encore le leurre, dans le discours technoscientiste, d’avoir le dernier mot tout en permettant, en déterminant même, la crise que celui-ci s’efforcera à jamais d’étouffer, sachant de surcroît que c’est justement l’argument de cette crise qui lui permet de faire valoir paradoxalement son pouvoir à y faire face au nom de son savoir.

Extraordinaire pouvoir du monde contemporain. La réponse précède la question et en vient même à tenir la formulation de celle-ci comme proprement scandaleuse. Car il est dit et répété que la plainte, celle du dépressif par exemple, possède son remède en forme de sirop ou de pastille, ou encore d’héroïne… Alors, de quoi se plaindre puisqu’il est possible de trouver ce qu’on n’a même pas à chercher. C’est « le meilleur des mondes » d’Uxley qui se réalise. Ce sont les leçons de l’Histoire qui s’oublient, celles qui ont démontré à une échelle planétaire qu’un savoir totalitaire exigeait sa rançon de victimes, purs dépositaires de ce qui justifiait la jouissance d’une partie. « Together we stand, divided we fall », disait un poète moderne. Ceux qui chutent sont ceux qui persistent à penser ou à souffrir malgré tout d’être sujet. On sait (même pas besoin d’y croire !) que cela a mené à construire des camps…

La crise d’aujourd’hui, au final, ne reviendrait-elle pas à désigner ce qui s’écrit et s’écrie du sujet ? Admettre pareille hypothèse, évidemment, revient à tenir le discours analytique comme discours politiquement engagé. C’est pour cela que la psychanalyse (pas les psychanalystes, car ils sont les premiers à forcer le distinguo !) sera toujours, comme le sujet qu’elle ne doit pas défendre mais persister à entendre, subversive. C’est pour cela qu’elle doit ex-sister au système clos des discours contemporains…



[1] Il n’y a pas que l’université qui est sourde à l’interrogation du dire. Bon nombre de cercles analytiques, j’en suis témoin direct, le sont parfois plus encore, notamment ceux qui, à défaut de laisser se déployer le dire de ses membres dans ce qu’il peut et doit interroger, repose sur un « jacquadisme » pitoyable qui tient la théorie du « maître » pour vérité. Lacan en aurait sorti quelque remarque grinçante s’il était encore de ce monde. Mais surtout, les opposants à la psychanalyse y trouvent matière on ne peut plus justifiée à dénoncer un dogmatisme qui, en vérité, rejoint tout-à-fait ce que les maîtres concernés sont les premiers à dénoncer

[2] L'utilisation massive des medias n'est pas nouvelle. La stratégie du ministère de la Santé a pu trouver son modèle dans celle assez récente qui a réussi à faire croire que les irakiens possédaient le moyen de construire l'arme nucléaire. Qui oserait sans frissonner reconnaître qu'une telle procédure a été inventée par le tristement célèbre Dr Goebbels. Mais les cours d'Histoire ont peu de succès aujourd'hui dans la politique de l'éducation nationale. Ils ne satisfont pas à l'exigence d'une efficacité attendue sur le marché du travail !...

[3] On appréciera d'ailleurs le cercle vicieux qui s'est trouvé engagé à ce titre. Car les échographistes professionnels avaient beau insister sur le danger de telles pratiques inutiles du strict point de vue médical, il leur a été reproché de  refuser toute concurrence : « Ils s'opposent à l'échographie libre parce qu'ils craignent de perdre des clients ».  Qui osera après cela persister à croire que la santé est restée indépendante d'une logique de marché ?  

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